Attention à l’ethnicisme et au regionalisme!
Comme nous pouvons l’apprendre de notre histoire de décolonisation, aucune action n’est aussi déstabilisante pour un Etat-Nation que celle de dresser les habitants d’un même pays les uns contre les autres tout simplement pour satisfaire les ambitions au pouvoir de quelques politiciens irresponsables. Le tribalisme, le régionalisme et le séparatisme, qui sont en train de refaire surface en RDC, doivent être combattus sans état d’âme par tous les congolais.
Les discours ethnicistes et régionalistes doivent être condamnés sans ambages. Ce ne sont ni les populations de l’Est, ni celle de l’Ouest, et pas non plus celles du Centre, qui sont responsables de la faillite de l’État congolais post-colonial, mais l’absence d’une gouvernance digne de ce nom et la sous-administration du pays pendant quatre décennies. Vouloir rejeter la responsabilité de l’échec du pays sur un groupe de population ne fait que traduire un esprit sectaire et séparatiste.
Par ailleurs, il est important de savoir que l’une des raisons pour lesquelles la transition vers la démocratie est intrinsèquement problématique dans les sociétés ethniquement divisées est la pression pour la politisation des questions d’identité. Comme il est souvent plus facile de mobiliser le soutien en faisant appel à des allégeances ethniques ou régionales, plutôt qu’à des questions de classe ou d’idéologie, dans l’absence de régulations strictes – ce qui est le cas en RDC –, les mauvais politiciens joueront la carte ethnique ou régionale pour mobiliser rapidement les électeurs. Mais l’émergence de ces partis ou regroupements de partis politiques répondant à ce schéma a toujours des effets centrifuges sur la politique, accentuant les tensions ethniques ou régionales pouvant mener à la guerre civile. Durant les années 1960, nous avons déjà vécu cette malheureuse expérience.
En effet, pour la France de De Gaulle au secours de la Belgique, qui tenait à garder « ses richesses congolaises », malgré les exigences de l’ONU pour l’autodétermination des peuples, Monsieur l’Afrique de l’Élysée, Jacques Foccart, recommanda l’utilisation des « particularismes ethniques » en vue de permettre la balkanisation du Congo en plusieurs États, avec lesquels l’Occident entretiendrait de bonnes relations, plutôt que de tolérer l’émergence d’un État congolais unique sous le leadership de Patrice Lumumba risquant de tomber entre les mains du communisme.
Ainsi les agents français ainsi que ceux de la sûreté Belge dont le lieutenant-colonel Louis Marlière-officier belge conseiller officiel du colonel Mobutu travaillant pour la Belgique- avaient presque réussi la création de l’Union fédérale d’Afrique centrale (Ufac) –en réalité une confédération- en manipulant les appartenances ethniques et regionale des leaders congolais pour inciter les sécessions au Bakongo, au Sud-Kasaï, a l’Equateur en plus de celle du Katanga. Combien de congolais sont-ils morts à la suite de ces intrigues initiées par la France et la Belgique pour dominer notre pays en utilisant nos particularismes ethniques ?
Prière de lire les détails en suivant le lien ci-après : Utilisation de l’arme ethnique au Congo.
Ce projet diabolique qui devait mettre fin à l’existence du Congo a failli se matérialiser à la Conférence de Tananarive en Mars 1961, un mois après la mort de Lumumba. C’est à cause de l’indignation générale soulevée à travers le Monde par l’assassinat de Lumumba que le President John Kennedy intervint in extremis pour sauver le Congo en faisant annuler les accords précités.
Le germe du sécessionnisme planté en 1960 étant toujours enfoui dans la société congolaise, il suffit d’une grande période d’incertitudes politiques, comme celle que nous traversons actuellement, pour que l’ethnicisme et le séparatisme recommencent à croître dangereusement, au risque de balkaniser la RDC. Il est donc du devoir des intellectuels congolais d’encourager la réingénierie des partis politiques et regroupements de partis politiques sur des bases idéologiques et en faisant appel à une base de soutien plus large à travers le pays, afin de renforcer la cohésion nationale et la stabilité. Ceci nécessite du temps mais la tâche n’est pas impossible. Par ailleurs, compte tenu de l’excessive atomisation de la société congolaise, la classe politique privilégiant les intérêts individuels de ses membres au détriment des intérêts supérieurs du pays n’a que de stratégies suicidaires pour le pays. En effet on assiste d’une part, a la continuelle répétition du faux consociationalisme comme stratégie de conservation de pouvoir par ceux qui y sont déjà (stratégie similaire à celle d’ une association de malfaiteurs, d’après Le Prof René Lemarchand dans « Consociationalism and power sharing in Africa » ) et d’autre part l’incitation au sécessionnisme et/ou la constitution d’alliances ethniques ou régionales comme stratégie d’accession au pouvoir par ceux qui n’y sont pas encore. Ce ne sont pas là des recettes pour sauver le Congo.
Reconstituer et responsabiliser la classe politique demeure une de cinq idées fondatrices de l’argumentation du CET telles que décrites dans la lettre envoyée a l’Ambassadrice Nikki en Octobre 2017.
Le CET préconise l’instauration d’une transition technocratique et apolitique de 36 mois devant permettre l’augmentation des capacités de l’Etat afin de permettre à ce dernier notamment des satisfaire aux besoins essentiels des populations congolaises et de résorber, par le biais des institutions fortes, les conflits éventuels entre les forces politiques sans mettre en danger la survie du pays.Nous demandons donc aux politiciens congolais de ne pas compromettre davantage la survie du pays par des actions qui discréditeront leurs mémoires dans l’histoire du Congo.
En guise de support à notre argumentaire, nous vous proposons quelques extraits des messages vidéo de 04 principaux leaders congolais de l’époque de décolonisation ainsi que de celui du Représentant de l’ONU au Congo en 1964 en suivant le lien ci-apres:
histoireCongo_LumumbaKasavubuTshombeKalonji
Notre ethnie, c’est le Congo!
Pierre Sula.
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